Histoire du streetwear : des rues au luxe
Le mot streetwear revient souvent dans le milieu des sneakers et de l’habillement, mais finalement qu’est-ce que c’est ? Une tendance, une culture, un style ? C’est un peu les trois réunis, souvent associé à un style vestimentaire qui s’accorde avec sa manière d’être. Né d’un mouvement social dans la rue, le streetwear se défini désormais comme ce qui se porte dans la rue. Des t-shirts Stüssy des années 80 aux collaborations entre Louis Vuitton et Supreme, cette culture urbaine a redéfini les codes de la mode aux quatre coins du globe.
Qu’est-ce que le streetwear ?
Pour comprendre comment est né le streetwear, il faut remonter aux années 1980. Le streetwear est un style vestimentaire apparu dans les milieux urbains, principalement issu du skate, du hip-hop et du sport. Expression de soi, confort et liberté sont les maîtres mots de ce style. À la différence du sportswear qui est pensé pour la performance, le streetwear s’appuie sur une dimension identitaire et culturelle, où la jeunesse s’habille selon ses préférences sans se soucier des codes ni des défilés de mode.
Les origines du streetwear : surf, skate et hip-hop
La scène californienne et la naissance de Stüssy
Impossible de parler de streetwear sans évoquer l’une des marques pionnières : Stüssy. C’est à la fin des années 1970 sur la côte Ouest américaine que les surfeurs et skateurs misent sur un style décontracté et fonctionnel, donnant l’idée à Shawn Stüssy de commencer à sérigraphier sa signature sur des t-shirts. Commence alors l’épopée Stüssy qui devient un symbole de créativité pour la jeunesse, révélant ainsi les traits de caractère du streetwear : indépendant, graphique et urbain. Le ton est donné, le streetwear s’apparente littéralement au style de la rue.
New York, berceau du hip-hop et de la mode urbaine
De l’autre côté des États-Unis, la ville de New York devient la capitale du hip-hop, où émergent rappeurs, DJ et artistes qui eux aussi imposent un nouveau style vestimentaire. Survêtements, casquettes, sneakers rétro et bijoux clinquants font partie de l’uniforme des rues. Les vêtements permettent de revendiquer son identité et les sneakers sont désormais un symbole culturel, une fierté.
L’influence punk et le DIY
À cette même époque, le punk et la culture graffiti introduisent une esthétique brute et artisanale : on découpe, on tague, on customise. L’esprit “Do It Yourself” devient une valeur fondatrice du streetwear, fusion entre rébellion, créativité et besoin d’appartenance.
Les années 1990 : l’explosion mondiale du streetwear
Supreme, BAPE et la montée du culte des marques
Toujours du côté de New York, une marque désormais connu de tous révolutionne le streetwear : Supreme. Fondée par James Jebbia en 1994, Supreme créée des drops limités, souvent aux visuels ironiques et inspirés de l’art et de la pop culture. Les pièces des collections deviennent alors des objets de convoitise grâce à cet effet de rareté, qui perdure encore aujourd’hui.
Au Japon, c’est Nigo comme marque le milieu du streetwear avec sa marque A Bathing Ape (BAPE) aux accents pop, reconnaissable par ses motifs camo colorés.
À eux deux, les labels deviennent des références internationales et donnent au streetwear son aura qui va à contre-sens de ce qu’on aperçoit sur les podiums. Au-delà du milieu de la mode, le hip-hop inspire les créateurs avec des collections aux logos reconnaissables qui séduisent les fans de rap et démocratise ce nouveau style accessible à tous.
Les années 2000 : la culture sneakers et les collaborations
L’âge d’or des collabs
Nouveau siècle, nouveau cap dans l’histoire du streetwear. Les grandes marques qu’on ne présente plus avec leur swoosh ou leurs trois bandes décident à leur tour de prendre un nouveau virage en direction de la culture urbaine. Nike collabore avec Supreme, adidas avec BAPE, Reebok avec Ice Cream. Les drops s’enchainent et deviennent des événements mondiaux, où la rareté crée la renommée.
Internet et la naissance de la communauté streetwear
Internet arrive et change tout. Les blogs comme Hypebeast et Highsnobiety font découvrir la culture streetwear à une nouvelle génération. Des figures emblématiques comme Pharrell Williams, Kanye West et Nigo rassemblent musique, design et mode et le streetwear devient une véritable industrie culturelle.
Les années 2010 : le mariage du streetwear et du luxe
La fusion grâce à Virgil Abloh et Off-White
2017, l’année de tous les possibles. Virgil Abloh, fondateur d’Off-White, devient directeur artistique de Louis Vuitton Homme. La consécration : le streetwear a désormais un pied dans le milieu de la haute couture. L’approche de Virgil Abloh redéfinit la mode et permet de voir plus loin. Le streetwear fait son entrée sur les podiums et Virgil Abloh deviendra le symbole de ce tournant dans la culture urbaine.
Les collabs iconiques
On assiste à l’émergence des collaborations historiques : Supreme x Louis Vuitton, Dior x Air Jordan, Travis Scott x Nike. Les frontières entre rue et luxe s’estompent, les maisons de couture s’inspirent de la rue et le streetwear adopte les codes du luxe pour se faire une place dans les Fashion Weeks. Le hoodie s’impose, la sneaker devient une pièce de collection.
Les années 2020 : vers un streetwear plus conscient
La maturité du mouvement
Loin d’être une simple tendance, le streetwear est enraciné dans la mode telle qu’on la connaît aujourd’hui, aussi variée qu’elle soit. Chaque décennie a pu apporter son grain de sel au mouvement, permettant aux nouvelles marques d’en comprendre l’approche. Des labels comme Aimé Leon Dore, A-COLD-WALL* ou Patta prônent une approche responsable, durable et minimaliste.
Le streetwear, une culture avant tout
Ce qui fait la force du streetwear par rapport aux autres mouvements et tendances c’est son ADN. Le streetwear puise son âme dans l’authenticité, la créativité sans limite et son aspect communautaire où chacun peut repenser la mode à sa façon.
De la planche de skate aux podiums de Fashion Week, des sneakers réinventées aux collaborations luxueuses, le streetwear raconte une histoire. C’est la preuve qu’une idée née dans la rue peut globalement transformer la mode en la rendant plus libre, sans perdre son âme. Évidemment, le streetwear n’a pas fini d’évoluer. Il continue de tracer sa route, au rythme des villes, des créateurs et des générations qui le réinventent.